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Webapps ou applications hors lignes ?

Lundi 07 septembre 2009

Je n'ai jamais été un fervent adepte des applications en ligne: Je préfère très largement un bon OpenOffice.org installé sur mon ordinateur plutôt qu'un GoogleDocs quelque part sur le web. Je n'ai jamais pu non plus trouver une application web de traitement d'image qui arrive à la cheville de Gimp. Certains vont complètement dans le sens inverse et utilisent 99% d'applications Web.

Mais du point de vue de celui qui créé les applications ? Qu'est-ce qui est plus intéressant ?

Le développeur du logiciel Bingo Card Creator a fait le pas: En plus de son application traditionnelle (à télécharger et installer), il a développé une version Web. Elle a tellement dépassé ses espérances qu'il a décidé d'abandonner le développement d'applications "hors-ligne".

J'ai beau préférer les applications installées plutôt que sur le web, je dois dire qu'il a de très bons arguments.

  1. Le développement de la version "web" de son application a été rapide. Très rapide. 2 mois pour la version en ligne. Alors que le développement de la version hors-ligne a pris 3 ans. Et le tout pour des fonctionnalités identiques (Ce qui ne sera pas forcément le cas de toutes les applications web, bien sûr).

  2. Pour un utilisateur, évaluer un "shareware" est lourd: Trouver un site de téléchargement, évaluer l'intérêt du logiciel, télécharger, installer, éventuellement télécharger une JRE (machine virtuelle Java) ou des DLL manquantes, éventuellement redémarrer l'ordinateur, retrouver l'icône de lancement, tester, revenir éventuellement sur le site web, trouver le site de l'auteur, payer... Cela fait beaucoup d'étapes, et chaque étape peut faire échouer la vente.
    Alors qu'avec une application web: Le test est immédiat (en ligne). L'achat peut être fait dans la foulée (puisque l'internaute est encore sur le site).
    Le résultat ? Pratiquement deux fois plus de ventes de sa version web que de la version hors-ligne.

  3. Le support utilisateur est moins coûteux pour la version web: 5 fois moins de problèmes remontés par les utilisateurs de la version web.
    Avant, les problèmes les plus courants étaient: problèmes d'installation, numéro de série perdu, bugs des anciennes versions qui ont déjà été corrigés (car les sites de téléchargement continuent de proposer les anciennes versions en téléchargement).
    Avec l'application web, les utilisateurs n'ont aucun problème d'installation, et utilisent toujours la toute dernière version du logiciel.

  4. D'après vous, combien de générateurs de numéros de série ou de versions piratées de l'application web circulent sur les réseaux P2P ? Zéro, bien sûr: La version en ligne n'est pas téléchargeable. Problème de piratage réglé.
    Woao... c'est beaucoup plus efficace que toutes les mesures anti-copie débiles pondues par les éditeurs de jeux, n'est-ce pas ? Et l'utilisateur qui a honnêtement payé ne sera pas emmerdé par ces systèmes anti-copie.

  5. Il peut avoir des statistiques très précises sur l'utilisation de la moindre fonctionnalité de son logiciel, et peut donc immédiatement améliorer les parties qui en ont le plus besoin. Ce qui est totalement infaisable avec un logiciel traditionnel sans se retrouver immédiatement dans la catégorie "spyware".
    Comme dit l'auteur, cela maximise sa possibilité d'offrir aux utilisateurs ce qu'ils veulent. Et dans la pratique il a pu mettre en œuvre des fonctionnalités que les utilisateurs voulaient mais qu'il avait ignorées pendant des années faute de retours sur l'utilisation de son logiciel.

  6. Avec un logiciel traditionnel, il faut des semaines pour sortir une nouvelle version, entre le développement, la compilation, l'envoi aux sites de téléchargement, le mailing aux utilisateurs, le temps que les utilisateurs téléchargent et installent la nouvelle version... Même des mois après, cette nouvelle version n'aura touché que la moitié des utilisateurs (Il y en aura toujours qui utilisent d'anciennes versions). Un cycle plus long veut aussi dire moins d'innovations.
    Avec la webapp, problème réglé: Tous les utilisateurs utilisent systématiquement la version la plus récente.
    Et quand il modifie son logiciel, il peut avoir un retour immédiat des utilisateurs. Une modification ne prend plus des mois à arriver à l'utilisateur, mais quelques minutes.

En tout cela, il a parfaitement raison. Pour le développeur professionnel, c'est Bingo ! (Ha Ha...) Mais assez curieusement, il avoue lui-même préférer les applications hors-ligne aux applications web.

Il y a beau y avoir des applications tout à fait impressionnantes sur le web, du point de vue utilisateur ce n'est pas forcément un bénéfice:

  • La plupart du temps, vous n'achetez pas un logiciel que vous pouvez utiliser indéfiniment, mais vous louez un service sur le web, à renouveler. Si vous ne le renouvelez pas, il y a fort à parier que vous perdrez vos données (à défaut de possibilité de les exporter). Vous devenez donc prisonnier du fournisseur de service, obligé de continuer à payer pour pouvoir accéder à vos données (Tiens, ce n'est pas justement ce qu'on reprochait aux successives versions de Microsoft Office avec ses formats fermés ?)

  • Si celui qui héberge l'application web a un problème technique, vous ne pouvez plus travailler.

  • Si celui qui héberge l'application web est piraté, toutes vos données personnelles sont exposées.

  • Si celui qui héberge l'application web met la clé sous la porte, vous perdez vos données et votre moyen de travail.

Ce sont des risques à ne pas prendre à la légère pour un utilisateur.


(L'article original complet: Why I’m done making desktop applications)

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