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L'oblitération numérique

Lundi 20 juillet 2009

Les DRM, c'est mal, on le sait.

Quand vous achetez un livre traditionnel, il vous appartient. Quand vous achetez un livre sous forme électronique, protégé par des DRM, vous n'achetez rien: Le livre ne vous appartient pas. Les possesseurs de certains e-books (livres électroniques) s'en mordent les doigts.

Amazon - qui vend des livres électronique (protégés par DRM) et un appareil pour les lire (le Kindle) - a décidé de retirer de ses catalogues des livres. La conséquence ? Tout ceux qui avaient acheté ces livres les ont vus disparaître de leur Kindle !  Ironie, il s'agissait de 1984 et Animal Farm de George Orwell.



Avec les DRM, vos musiques disparaissent si vous changez d'ordinateur, comme si tous vos disques étaient confisqués si vous changiez de chaîne HiFi. Vos logiciels refusent de fonctionner parce que vous n'avez pas laissé l'éditeur farfouiller librement sur votre disque dur à distance. Vos systèmes d'exploitation se bloquent et vous empêchent de travailler ou jouer parce qu'ils jugent que vous avez trop touché à votre matériel.

HADOPI nous prépare une autre oblitération numérique, en coupant internet pour toute une famille si le petit dernier fait un téléchargement illégal. Un peu comme si toute une famille voyait ses livres confisqués parce que l'enfant de la famille a photocopié les pages d'un livre. C'est inacceptable.



Voilà les dangers du DRM: Faire disparaître des pans de notre culture ou de nos outils sur les caprices d'un industriel ou d'un actionnaire. Quel bel avenir culturel les industriels nous préparent-ils là, avec l'appui des gouvernements.

Voilà pourquoi les licences libres sont importantes, voilà pourquoi le logiciel libre est important. Quand vous utilisez un logiciel libre sur un système d'exploitation libre, la copie vous appartient, totalement. Vous pouvez librement, totalement la modifier et l'utiliser, sans rien demander à personne, pour en faire tout ce que vous voulez. Et elle ne va pas magiquement arrêter de fonctionner parce que quelqu'un, quelque part, l'aura décidé. Le logiciel libre est le livre dans votre bibliothèque: Vous pouvez le lire aussi souvent que vous le voulez, en recopier des passages, les annoter, les traduire, les chanter, découper votre livre pour en faire une œuvre d'art. Le livre vous appartient, le logiciel libre vous appartient. Créez, appréciez, inventez, rêvez. Vous êtes libres.

Et pour combler le tout, certains auteur de ces "œuvres" numériques vous autorisent même à diffuser ce que vous avez fait de leur travail (sous certaines conditions), et même d'en vivre. Que ce soient des logiciels ou des œuvres.



Il est temps de faire de la résistance numérique.

Les logiciels, livres, musique, vidéos sous forme numérique que j'ai achetés m'appartiennent. J'en ferai autant de copie que je le veux pour mon usage privé. Vous ne choisirez pas le nombre de copie que je peux en faire, ni sur quel appareil je les lirai, ni dans quelles conditions, ni pendant combien de temps, ni avec qui j'en discuterai. Ils sont les livres dans ma bibliothèque, vous n'avez aucun droit de regard sur les exemplaires que je possède.

Auteurs ! Le droit d'auteur du document vous appartient toujours, personne ne peut vous le renier. Mais l'exemplaire que je possède m'appartient, à tout jamais, et vous n'avez aucun droit de regard dessus.

Auteurs, artistes ! Empêchez les industriels de faire disparaître vos créations de notre mémoire collective. Utilisez des contrats d'utilisation et licences qui encouragent le partage et assurent la pérennité de vos œuvres (Domaine Public, CreativeCommons, License Art Libre, GPL, licences OSI...). Votre travail n'en sera que plus apprécié, plus connu et d'autres construiront, augmenteront la culture en se basant sur votre travail. Vous avez été inspiré, dans votre vie, par d'autres artistes. Permettez à d'autres d'être inspirés par vous, laissez-les libres, laissez-les vous étonner, laissez-les monter sur les épaules d'un géant pour se hisser plus haut, et vous tirer vous aussi vers le haut. N'ayez pas peur, ils ne vous empêcheront pas d'en vivre, ils ne vous voleront pas. Au contraire, ils vous en remercieront.

Lecteurs, spectateurs ! Il est temps de passer à la résistance numérique, au chiffrement massif, parce qu'il est question d'affirmer notre droit à la vie privée et notre liberté de communication, que les gouvernement - même les démocraties - s'empressent de piétiner pour plaire aux industriels. Chiffrez vos emails, utiliser des sites web chiffrés (HTTPS), utilisez des protocoles chiffrés (BitTorrent chiffré, ssh/sftp...). Si le chiffrement est suffisamment massif, la surveillance deviendra trop coûteuse. Et l'argent, c'est bien la seule chose qui intéresse ceux qui veulent exploiter la culture.



Les moyens technologiques pour nous échapper de cette étreinte sont là, mais difficiles à comprendre et utiliser. Je me fais fort de les expliquer, d'aider les gens à les utiliser. Je ne doute pas que des développeurs astucieux trouveront de meilleures idées pour rendre le chiffrement plus accessible et l'anonymat possible. Ils sont déjà au travail.

C'est malheureux, mais il n'y a qu'à ce prix que la culture électronique pourra survivre. Et la culture, privée de cette formidable opportunité qu'est le numérique, s'en verrait amputée. Ne privons pas la culture du numérique comme elle aurait pu être privée de l'imprimerie ou de la photographie.



Mise à jour 24 juillet 2009: Le PDG d'Amazon s'excuse platement (en anglais). Il a l'air sincère, mais cela n'empêche pas le Kindle de continuer à utiliser des DRM.

Mise à jour 25 juillet 2009: Tiens je ne suis pas seul à penser à la résistance numérique: La ligue ODEBI s'y met sérieusement, avec des cours pour apprendre à chiffrer, changer d'IP, rester anonyme...

Mise à jour 26 juillet 2009: Korben entre aussi en résistance numérique.

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